Cette session a eu lieu le mardi 09 mai 2023
Lieu : En ligne (Zoom)
L’alcool est le produit le plus dangereux pendant la grossesse. Il est tératogène c’est-à-dire qu’il peut entraîner des malformations de tous les organes (le coeur, les reins, le visage) lors de l’embryogénèse au premier trimestre ; il génère des anomalies anatomiques et fonctionnelles du placenta, avec un risque de mauvaise croissance embryofoetale et de fausse-couche ou de prématurité. Il est surtout neurotoxique : avec le risque d’atteintes précoces malformatives mais aussi plus tardives (diminution du nombre des neurones, anomalies de migration ou de connexion de ces neurones).
L’ensemble des conséquences d'une exposition prénatale à l'alcool correspond aux Troubles du Spectre de l'Alcoolisation Fœtale (TSAF).
La forme la plus visible et complète, repérable dès la naissance est le syndrome d’alcoolisation Fœtale (SAF) dont la prévalence est de 1 sur 1000 naissances.
Néanmoins, l’absence de signe physique ne doit en aucun cas conduire à exclure un diagnostic de TSAF : ce trouble neurodéveloppemental lié à l’alcool (TNDLA) concerne au moins un enfant sur 100. Les troubles sont constatés plus tardivement, à l’école primaire, parfois plus tard : il s’agit de troubles moteurs (maladresse, problèmes d’équilibre et de motricité fine) et cognitifs avec un déficit mental inconstant mais dans plus de 3/4 des situations, des difficultés de compréhension verbale, une altération de la mémoire de travail, une lenteur, des troubles du raisonnement, des difficultés à enchaîner plusieurs consignes, à anticiper, déduire, comprendre les relations de cause à effet et à s’organiser. Sur le plan du comportement, outre l’agitation et les difficultés de concentration très fréquentes, et pouvant amener au diagnostic de TDAH, le tableau est dominé par des difficultés comportementales et émotionnelles associées volontiers à une influençabilité marquée.
Si l’origine des troubles primaires est prénatale, les conditions de vie familiales, culturelles et socio-vont venir moduler la trajectoire de chacun. Les conséquences des atteintes neurologiques peuvent se manifester bien plus tard, sous la forme de troubles de santé mentale (excès de troubles anxio-dépressifs et de conduites suicidaires), d’addictions, de difficulté à s’intégrer dans le monde du travail, d’incapacité à gérer son argent et les besoins de la vie quotidienne.
Nous évoquerons le diagnostic précoce et une prise en charge adaptée et coordonnée par des centres experts ; cette prise en charge associe kinésithérapie, ergothérapie, psychomotricité, orthophonie, suivi éducatif, prise en charge pédopsychiatrique avec soutien psychologique, psychothérapies notamment thérapie cognitivo-comportementale et prescription de psychotropes.
De surcroit, repérer et diagnostiquer un enfant, c’est souvent repérer et diagnostiquer ses frères et soeurs, parfois également atteints, prendre en soins et accompagner les parents. Il y a donc urgence à penser aux TSAF devant tout trouble du neuro-développement, à former tous les professionnels des domaines médical, médicosocial, éducatif et juridique.
Et urgence à mieux prévenir la population, notamment nos jeunes, filles et garçons : le principe c’est zéro alcool pendant la grossesse car toute prise d’alcool est une prise de risque mais c’est aussi zéro alcool dès le projet de grossesse chez future maman (car beaucoup de grossesses sont découvertes tardivement) et chez le futur papa (car l’alcool est aussi toxique pour les spermatozoïdes).
Catherine Metelski
Présidente de l’association Vivre avec le SAF
Bérénice Roy-Doray
Professeur de génétique, Médecin chef de service de Génétique du CHU de La Réunion, directrice du centre ressources TSAF de La Réunion
Michel Spodenkiewicz
Pédopsychiatre, coordonnateur DES psychiatrie, université de La Réunion
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Catherine Metelski
Présidente de l’association Vivre avec la SAF
Bérénice Roy-Doray
Professeur de génétique, Médecin chef de service de Génétique du CHU de La Réunion, directrice du centre ressources TSAF de La Réunion